Escalade diplomatique entre la République tchèque et la Russie

Les accusations tchèques à propos de l'explosion d'un dépôt de munitions ont été rejetées par la Russie.

L'explosion de 50 tonnes de munitions à Vrbětice en 2014 risque de faire encore couler beaucoup d'encre. La République tchèque a pris samedi la décision d'expulser 18 employés de l'ambassade russe à Prague, arguant que des agents des services secrets russes étaient responsables de l'explosion. Le ministre de l'Intérieur Jan Hamáček avait alors annoncé qu'il s'attendait à une réponse forte de Moscou. 

Celle-ci n'a pas tardé. Le président russe Vladimir Poutine a rejeté les accusations et affirmé qu'il s'agissait d'une provocation soutenue par les Etats-Unis, dans un contexte de regain de tensions entre l'OTAN et la Russie au sujet de la guerre en Ukraine. La Russie a également décidé d'expulser 20 employés de l'ambassade tchèque à Moscou, réduisant la capacité de fonctionnement de l'ambassade au strict minimum.

La République tchèque a décidé de ne pas en rester là. Le ministre de l'Industrie et du Commerce Karel Havlíček a annoncé hier que l'entreprise russe Rosatom serait écartée de l'appel d'offres pour la construction d'un nouveau réacteur dans la centrale nucléaire de Dukovany. L'inclusion de Rosatom dans l'appel d'offres avait déjà suscité d'intenses réactions il y a un mois, l'opposition accusant le gouvernement de prendre des risques en termes de sécurité nationale.

De nouvelles informations ont également filtré sur les raisons de l'explosion des munitions. D'après l'hebdomadaire Respekt, ce stock devait être exporté en Bulgarie, pour l'entreprise Dunarit, détenue par l'armurier Emilian Gebrev. Les munitions auraient dû exploser en Bulgarie et non en République tchèque. Dunarit avait signé un contrat avec l'Etat ukrainien pour équiper le ministère de l'Intérieur et la Garde nationale. Emilian Gebrev a été empoisonné à Sofia au printemps 2015, soit six mois après l'explosion de Vrbětice.

Photo : ČTK